Cher(e) ami(e) de la santé,
Regardez bien ces deux photos.
Seulement 3 mois les séparent.
Pourtant, entre celle de gauche et celle de droite, c’est le jour et la nuit.
> À gauche, JL, famélique dans les bras de sa maman, semble aux portes de la mort quand…
> À droite, il a repris du poids et semble sorti d’affaire…
Qu’est-ce qui a bien pu le sauver in extremis ?
Un miracle ?
Cela y ressemble fortement, sauf qu’en médecine, ces cas sont bien rares.
Pourtant, peut-être que vous aussi, vous bénéficiez, vous aussi, encore aujourd’hui de ce qui a sauvé le petit JL des griffes de la mort.
Merci aux progrès de la médecine…
Car l’histoire de la guérison de JL et de milliers d’autres malades ressemble à un conte de fées.
Il était une fois…
De la famine au miracle… épidémie de guérisons en 1922 !
Tout commence dans les couloirs de l’université de Toronto en 1921.
À cette époque, les enfants diabétiques meurent par dizaines.
Pour des raisons mystérieuses, leur pancréas ne fabrique pas, plus ou pas assez d’insuline, une hormone qui régule le taux de glucose dans le sang.
Pour éviter qu’ils tombent dans un coma diabétique (quand il y a trop de sucre), les médecins de l’époque recommandent un traitement de choc : le régime de famine.
Ce régime de privation (moins de 800 calories/jour) est censé éviter les pics de glycémie.
Problème : les petits malades n’ont que la peau sur les os et meurent inexorablement.
Frederick Banting, un chirurgien pas du tout spécialiste de diabète, lit pourtant une étude qui l’intrigue.
Il imagine qu’un extrait de pancréas pourrait réguler la glycémie des diabétiques.
Son idée surprend, déroute, déplaît…
Pourtant, il n’en démord pas et s’entoure de spécialistes, notamment Charles Best.
Il parvient à expérimenter son intuition sur des chiens privés de pancréas.
À la surprise générale, la glycémie des chiens… baisse.
Qui sauve un chien, sauve un enfant ? L’idée folle qui guérit Leonard
Quand le 2 décembre 1921, Leonard Thompson, 14 ans, est hospitalisé pour son diabète de type 1, ses jours sont comptés.
Il ne pèse que 29 kilos.
Banting veut alors tester son sérum à base de pancréas de bœuf sur Leonard.
Son père accepte : de toute façon, Leonard est condamné.
Pourquoi ne pas essayer ce traitement de la dernière chance ?
Le 11 janvier 1922, les médecins lui injectent… et sa glycémie passe de 4,4 g/L à 3,2 g/L.
C’est mieux mais pas suffisant pour le tirer d’affaires (il faudrait passer sous la barre des 1,20 g/L).
Surtout, un abcès apparaît. Banting purifie davantage son sérum et l’injecte au garçonnet, fin janvier.
C’est alors que ce miracle se produit : la glycémie de Leonard passe à 1,20 g/L.
Surtout, il se remet progressivement, et sort de l’hôpital de Toronto… sur pied.
Ce petit garçon est le premier « miraculé » de l’insuline… (Il vécut jusqu’à 26 ans)
Cette découverte à 1 dollar qui sauva l’humanité
Leurs résultats éblouissent le monde entier.
En février 1923, 250 médecins, 60 cliniques et 1 000 patients au Canada et aux États-Unis reçoivent de l’insuline.
Le précieux médicament est envoyé dans plusieurs pays la même année[1].
Imaginez l’espoir de redonner vie à des millions de diabétiques !
En octobre, Frederick Banting et John MacLeod, obtiennent le prix Nobel de médecine, qu’ils partagent avec Charles Best et James Collip.
Dans un geste désintéressé, ils renoncent à breveter le traitement. (Pourtant, cela les aurait rendu très riches !)
Pour 1 dollar symbolique, ils cèdent les droits de leur formule à l’université de Toronto, proclamant :
« L’insuline ne m’appartient pas. Elle appartient au monde », dira même Banting.
Une vision bien noble de la recherche médicale…
Ils voulaient que l’université donne à son tour les droits du brevet à quiconque produirait de l’insuline en grande quantité… et sans qu’il n’y ait de monopole.
Quand le rêve vire au cauchemar… difficile de faire marche arrière !
Maintenant, laissez-moi vous montrer cette photo, prise aux Etats-Unis en 2017.
Cette mère de famille ne peut plus étreindre son fils, Alec, mais seulement sa photo.
Son fils, diabétique de type 1, est mort de coma diabétique parce qu’il rationnait son insuline[2].
Parce qu’il n’avait plus les moyens de s’acheter les doses qui lui permettaient de survivre chaque jour.
Et pour cause, aux États-Unis, le coût d’un flacon d’insuline coûte aujourd’hui 275 dollars le flacon (le coût de production d’1 flacon se situe autour de 8-9 dollars[3]).
Soit +1 200 % du prix au cours des 20 dernières années[4] !
Imaginez !
Ça vous paraît peut-être un peu caricatural…
Mais cette belle histoire de l’insulinothérapie est le triste exemple de ce qui arrive quand l’industrie pharmaceutique étend ses griffes sur ce lucratif marché.
Le très puissant oligopole, un « cartel[5]» osent certains, comprend 3 laboratoires :
- Eli Lilly (américain),
- Novo Nordisk (danois)
- et Sanofi (français).
Ils se partagent 95 % du marché mondial de l’insuline, estimé à 20 milliards de dollars[6] !
Ils sont donc libres de fixer leurs prix qui ont sans surprise explosé, laissant des millions de diabétiques sur le carreau, incapables de se payer leur traitement vital.
Ils ont du sang sur les mains… et des millions de morts sur la conscience
Voilà comment aujourd’hui les diabétiques remplissent des cimetières entiers à travers le monde, à cause de l’avidité indécente des laboratoires pharmaceutiques.
Mais ils ne sont pas les seuls responsables de ces drames humains.
Car depuis des années, les pouvoirs publics ne font rien, rendus impuissants par la corruption dévorante des industriels[7].
En 2011, le Conseil d’État a dû abroger les recommandations de la Haute autorité de santé sur le diabète en raison… de conflits d’intérêts majeurs[8] !
Sans parler des maigres associations de diabétiques, elles-mêmes gangrenées par des médecins aux bottes du cartel.
Cela vous paraît peut-être exagéré ou trop fou pour être vrai, mais c’est la triste réalité.
Prenez soin de vous,
Catherine Lesage