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Guy Corneau a appris qu’il avait le cancer… sur Internet.

Ce grand écrivain venait de faire un examen à l’hôpital. Et l’infirmière l’a renvoyé chez lui, avec un papier contenant les résultats. Il raconte ce terrible moment :

« Je suis seul chez moi aux prises avec un rapport auquel je ne comprends presque rien. Je me mets à chercher la signification des mots sur Internet pour réaliser avec stupeur que j’ai le cancer. Je n’en crois pas mes yeux. Je descends dans mon bureau à plusieurs reprises pour vérifier le diagnostic, comme si j’avais pu mal lire, comme s’il pouvait s’effacer entre deux lectures à la façon d’un mauvais rêve au réveil. »

Nous sommes en 2007. Guy Corneau a alors 56 ans.

Le choc est immense : c’est comme si on lui avait retiré le tapis de dessous les pieds, dit-il :

« Je me réfugie dans un fauteuil du salon tel un animal blessé. Je m’assieds à moitié couché, émergeant à peine des coussins comme un être qui va se noyer et dont la seule bouche pointe encore hors de l’eau. Je me retrouve suspendu dans une sorte de temps mort, ankylosé, n’osant pas bouger de peur que ça fasse mal. Le moindre mouvement éveille de la peine et de l’angoisse ».

Plus tard, après plusieurs examens complémentaires, on lui annonce que c’est un cancer de stade 4 (le plus élevé), qui touche plusieurs de ses organes.

Et pourtant, huit mois plus tard…

…Son cancérologue lui annonce la bonne nouvelle !

« Je ne sais pas ce que vous avez fait, mais cela a marché ! Le cancer s’est retiré de vos organes vitaux. Je vous félicite ».

Ce qu’il a « fait », en plus de la chimiothérapie, Guy Corneau le racontera dans son best-seller : Revivre – face au cancer, trouver le sens et le chemin de la guérison.

Ce livre est rempli de pépites de sagesse, mais je voudrais partager avec vous une des « thérapies » qui lui ont permis de se sortir de cette épreuve.

Il s’agit d’un exercice que Guy Corneau a appris alors qu’il était au « fond du trou », aux prises avec la dépression et les crises d’angoisse, affaibli par la chimiothérapie.

Et ses effets ont été impressionnants.

Alors si cet exercice est capable de redonner de la joie et de l’équilibre à quelqu’un qui traverse l’épreuve du cancer, imaginez son pouvoir dans des moments plus « normaux » !

Voilà pourquoi je vous invite à le faire, que vous alliez bien ou mal, pour rayonner de joie.

Cela se passe en 4 étapes :

Étape 1 : Observez vos propres émotions et écoutez ce qui se passe en vous

L’objectif de la première étape est d’aller à la rencontre de ses propres ressentis et émotions.

L’idée est d’écouter ce qui passe à l’intérieur de vous-même, d’accueillir vos émotions, sans les juger, et de les noter dans un cahier.

L’important n’est pas de comprendre ou d’analyser les émotions que vous ressentez, mais d’être en contact avec elles.

Guy Corneau explique :

« Si des larmes viennent, de la peur, de la honte ou de l’incompréhension, j’essaie d’accueillir le tout sans jugement et sans tenter de changer quoi que ce soit. Je deviens un témoin bienveillant de ce qui se passe en moi. »

Cette première étape est intéressante car la « prise de recul » a toujours d’excellents bienfaits.

Par exemple, je conseille souvent aux personnes stressées de se parler à la troisième personne : par exemple, il m’arrive de me dire : « tiens, Xavier est très nerveux en cet instant ».

Cela paraît ridiculement simple, mais des psychologues ont prouvé que cette simple mise à distance permettait de réduire son stress et d’améliorer sa confiance en soi. [1]

Une autre technique éprouvée pour prendre du recul est de vous imaginer dans un film, et de vous observer comme si vous en étiez le spectateur [2] : cela réduit immédiatement le stress au niveau neuronal [3] !

Pendant cette première étape, notez votre ressenti sur un carnet : cela permet de clarifier un peu le chaos et la confusion qui peut vous habiter, surtout si vous traversez de lourdes épreuves.

L’objectif est aussi de les objectiver, de les « mettre hors de soi ». Mais cela n’est possible que si vous les avez bien « écoutés » et « reconnus », grâce à un face-à-face honnête avec vous-même.

Une fois cette étape accomplie, le meilleur est à venir :

Étape 2 : Créez votre propre réalité grâce à la puissance de votre imagination

L’objectif est maintenant de transformer votre état, peu à peu, grâce à votre imagination.

Guy Corneau le faisait de la manière suivante :

« Je ferme les yeux et vais dans ma réalité imaginaire. Je m’immerge dans un champ de marguerites géantes aussi grosses que des tournesols. Je peux m’y étendre à l’abri dans les herbes hautes et vertes. Je me dore au soleil comme on se fait bronzer sur une plage, ressentant la chaleur des rayons sur ma peau. Je contemple un ciel orné de couleurs bleues et fuchsia ».

L’idée est de tirer parti d’une caractéristique très particulière de la psychologie humaine : nos émotions sont davantage provoquées par ce que nous imaginons que parce que nous vivons réellement.

On sait que les grands anxieux vivent en permanence dans la crainte d’un danger futur – et c’est cela qui les enferme dans une angoisse présente et bien réelle.

Heureusement, on peut retourner ce phénomène à notre avantage.

De même qu’on a le cœur étreint d’angoisse à l’idée d’une menace, on peut ressentir un apaisement immédiat à la simple idée d’une scène harmonieuse.

Par exemple, il suffit de s’imaginer parfaitement relaxé(e) au bord de la plage pour se sentir… moins stressé !

L’idéal est d’imaginer une jolie scène en mobilisant vos 5 sens et vos émotions :

Goûtez le plaisir des rayons du soleil qui lèchent votre peau, repaissez-vous du chant mélodieux des oiseaux, ressentez à quel point cette réalité imaginaire vous fait du bien, corps et âme.

Vous commencerez alors à déclencher la production des hormones du bien-être, celles qui apaisent l’esprit et réparent votre organisme.

Il ne vous reste plus qu’à aller un cran plus haut :

Étape 3 : Maintenant, imaginez et ressentez « la santé parfaite »

À présent, vous devez vous efforcer de vous imaginer en pleine santé, « vibrant de vie ».

Voilà comment Guy Corneau se le représentait :

« Je me vois debout dans le soleil, habillé de blanc. Je sens la force de vie se répandre dans mon être et je m’imagine éprouvant le bonheur d’une santé parfaite que je laisse resplendir partout en moi et autour de moi ».

Ce n’est qu’un exemple, bien sûr, c’est à vous de vous créer votre propre monde mental.

L’objectif est de créer une sensation de joie forte et puissante… la plus puissante possible.

On retrouve ici la sagesse du grand philosophe Spinoza, qui avait compris avant tout le monde que la joie était une « augmentation de la puissance d’exister ».

La science moderne a validé cette intuition fondamentale, montrant le pouvoir guérisseur des émotions positives… et celui, destructeur, des émotions négatives.

Surtout, Spinoza avait compris que pour faire cesser une émotion (négative, par exemple), il fallait créer une émotion contraire, plus forte encore !

« Une passion ne peut être empêchée ou détruite que par une passion contraire et plus forte ».

Voilà pourquoi Guy Corneau nous invite à en passer par un monde imaginaire : l’idée est de créer en nous une émotion tellement puissante qu’elle parvienne à balayer les pires angoisses et les désespoirs les plus profonds.

Et peu importe que cette émotion de joie vienne d’un monde imaginé, car ce que vous ressentez est bel et bien réel !

Une fois cela réussi, il ne vous reste plus qu’à déguster.

Étape 4 : Prolongez la sensation de joie et de sérénité en méditant

L’idée est de « déguster les états de calme et de sérénité que vous avez réussi à atteindre en vous-même à la suite des trois premières étapes ».

Et cela commencer par… sourire.

C’est scientifiquement bien établi : le simple fait de sourire conduit votre cerveau à produire les molécules de la bonne humeur (dopamine) et à réduire les hormones du stress.

Sourire renforce même le système immunitaire, et stimule les fameux lymphocytes T qui attaquent les cellules cancéreuses [4] (l’hôpital chinois de Guangzhou a incorporé la thérapie du sourire dans son protocole de lutte contre le cancer).

Alors mettez un sourire sur votre visage, puis goûtez l’instant en respirant doucement.

Il s’agit de se mettre en état de « méditation », c’est-à-dire en vous focalisant sur l’instant présent et en savourant le bien-être qui vous traverse.

Guy Corneau aime utiliser les termes de « goûter », « déguster » et « savourer » car ce type de méditation doit être riche en ressenti émotionnel.

Vous vous retrouvez dans un état si agréable – et si rare pour ceux qui sont plongés dans l’épreuve de la maladie – qu’il vaut mille fois le petit effort initial pour y parvenir… et les faire durer.

C’est aussi le meilleur moyen d’augmenter la « puissance d’agir » de votre corps, pour mieux balayer la maladie.

Plus facile à dire qu’à faire ?

Guy Corneau a utilisé cet « exercice » pendant ses périodes d’insomnie… ou en pleine journée, quand un flot d’angoisse devenait insupportable.

S’il a pu en tirer tant de bienfaits, au beau milieu de sa terrible épreuve, tout le monde doit pouvoir réussir à le faire, quel que soit son état.

« C’est assez facile à faire, dit-il. Toutefois, comme toute chose, cela demande de la pratique, surtout pour atteindre une certaine intensité. »

Je vous conseille de le pratiquer à tout moment, dès que vous avez besoin de retrouver de la joie et de l’énergie.

Petit hommage à Guy Corneau

Comme vous le savez peut-être, Guy Corneau s’est éteint en janvier 2017.

Il avait surmonté son cancer, mais il a fini par être emporté par une autre maladie, auto-immune, qui l’affaiblissait depuis des dizaines d’années.

Cette lettre est une façon de lui rendre hommage, et de le remercier pour tout ce qu’il nous a enseigné, à commencer par ces 4 étapes pour « vibrer de vie ».

Il croyait au pouvoir « guérisseur » de la joie.

Mais avec l’humour qui le caractérisait, il rappelait que la joie a un autre intérêt, plus prosaïque :

« Si jamais je dois mourir, je préfère assurément partir de bonne humeur ».

Sources :

Sources :

[1] Self-talk as a regulatory mechanism: how you do it mattersKross E. et al., NCBI, 2014

[2] Dr Elisabeth Blackburn, L’effet télomère, Guy Trédaniel, 2017, page 121.

[3] A shift in perspective: Decentering through mindful attention to imagined stressful events, Lebois L.A. et al., NCBI, 2015

[4] « Does happiness help healing? » Immune response of hospitalized children may change during visits of the Smiling Hospital Foundation’s Artists, Béres A1, Lelovics Z, Orv Hetil. 2011 Oct

68 Comments

  • Basabé dit :

    Votre article est très apaisant et réconfortant.
    Merci

  • Pasquier dit :

    Bonjour,
    Moi aussi on m’a détecté un cancer (sein)… il y a presque 18 ans. Moi aussi, le ciel m’est tombé sur la tête jusqu’au moment où, une dizaine d’heures plus tard, je me suis fait la réflexion suivante: « tu n’as pas plus mal aujourd’hui qu’hier et tu es en train de te faire une 2° maladie: la TROUILLE ! Une suffit et le mieux que tu as à faire, dans l’instant, c’est de dormir. Je me suis mise en relaxation et me suis endormie rapidement. Le lendemain, ma décision était prise: j’allais me battre et avais réparti les rôles; mon médecin s’occuperait de la partie physique (je n’y connais rien) et moi, je m’occupe de ce qui se passe dans ma tête. Une chance a été de connaitre 3 femmes à qui c’était arrivé et qui m’ont donné de précieux conseils:
    1) envisage un projet à réaliser « après »
    2) ne te prends plus la tête
    3) fais toi plaisir
    J’ai ajouté une alimentation un peu moins déséquilibrée et le maximum de relaxation… et ça a fonctionné. Je me suis rendu compte, à postériori, que le fait d’en parler -beaucoup- fractionnait le problème en autant d’interlocuteurs et que j’avais fait en sorte de produire le maximum d’hormones positives, notamment en coupant les ponts avec les inquiets, les agressifs et les fatalistes de tout poil. le cancer, puis la reconstruction se sont traduits par 8 jours d’arrêt de travail (indépendant), pas une douleur, pas un mal être.
    Des années plus tard, mon médecin m’a dit: « j’aurais pensé que ça allait être plus grave que ça ». Je lui ai précisé ma façon de penser et sa réponse fut honnête: (lui même n’avait étudié la psychologie des malades qu’une demi journée dans tout son cursus): « Vous avez probablement raison, mais vous allez vous mettre à dos tous les lobbies de la terre » !!!

  • basset dit :

    merci pour ce document que j ai apprécié.
    CET AUTEUR ME PARLE BEAUCOUP ET J AI LU CES LIVRES .

  • Louise dit :

    Merci pour cet hommage à M. Guy Corneau qui nous a tant donné. J’ai regretté le fait qu’on ait si peu souligné son départ.
    Merci pour vos autres lettres qui répandent la vérité.

  • gekiere dit :

    j’ai lu ce livre de G.Corneau l’an dernier, alors que j’étais moi-même soignée pour un cancer au stade 4.(en rémission depuis janvier)
    Il m’a bcp aidée et je le recommande vivement à tous ceux qui ont envie de se battre, ainsi que « anti-cancer » de David Servan-Schreiber

  • Gisele dit :

    Merci pour ce document

    Guy Corneau avait passe à la télévision
    Parlant de sa guérison
    Il avait dit moi j’étais végétarien
    mais maintenant je mange de la viande

    5 etoiles

  • Doumi dit :

    Merci pour cette lettre positive!!!

  • Nilok dit :

    Merci pour ces informations et conseils concrets qui me parlent et me persuadent de les mettre en pratique quotidiennement, comme le sourire. Dans cette attitude je me sens en joie et plus beau. Merci

  • schott dit :

    merci pou cette belle lecon

  • Joelle Champeyroux/Haddad dit :

    Merci merci merci

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