Cher(e) abonné(e), En septembre 1998, Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l’Intérieur, tombe dans le coma.
Pendant 55 minutes, son cœur cesse de battre.[1]
En fait, il fait une réaction allergique aux curares, un produit couramment utilisé en cas d’anesthésie générale.
Malheureusement, son cas n’est pas isolé : chaque année, des centaines de Français font aussi cette réaction très grave.[2]
Parfois, simplement à cause d’un simple sirop pour la toux !
C’est pour cette raison que plusieurs d’entre eux viennent d’être retirés du marché, sur ordre de l’ANSM, en septembre[3], comme :
Leur point commun ? Ils contiennent tous les trois de la pholcodine, un dérivé morphinique qui « agit » sur les voies respiratoires, notamment en cas de toux sèche.
Or, cette molécule n’est pas anodine : elle déclenche une réaction allergique et stimule des igE (anticorps marqueurs de l’allergie), qui vont interagir défavorablement s’ils rencontrent des curares.
Même plusieurs semaines après avoir pris du sirop, vous restez « sensibilisé(e) » à cette molécule et à risque de faire un choc anaphylactique.
Imaginez le danger : car évidemment, vous ne savez pas que vous êtes devenu(e) allergique, à cause d’un vulgaire sirop !
Pourtant, cette interaction croisée entre la pholcodine et les curares n’est pas nouvelle.
Elle est même connue depuis belle lurette ![4]
D’ailleurs, même en Suède, les spécialités à base de cette molécule sont interdites… depuis 1989 !
33 ans après, la France suit… C’est dire combien la pharmacovigilance française est réactive !
Combien d’accidents graves, voire de décès, auraient pu être évités rien qu’en lisant la littérature scientifique internationale[5], qui rappelait que :
D’une cuillère de sirop à la réanimation, il n’y a parfois qu’un pas !
Dès 2005, les chercheurs norvégiens s’inquiètent : les chocs anaphylactiques[6] liés aux curares sont 10 fois plus fréquents qu’en Suède.[7]
Ils enquêtent jusqu’à découvrir le pot-aux-roses : en Norvège, des sirops pour la toux contenant de la pholcodine sont en vente libre, et couramment consommés.
Mécaniquement, la population norvégienne possède donc plus d’igE à la pholcodine que les Suédois, chez qui on trouve très peu de médicaments qui en contiennent.
Le lien de cause à effet est vite fait.
Forte de cette découverte, la Norvège retire ces produits dès 2007.
Le bénéfice est presque immédiat : deux ans plus tard, la présence d’anticorps igE à la pholcodine a diminué de 80% dans la population norvégienne.
Tandis que le nombre de chocs anaphylactiques a réduit drastiquement.[8] (La Suède affiche un insolent « zéro » cas, depuis 1990[9] !)
Mais en France, rien ne bouge.
Il faudra attendre 2011 pour que l’ANSM confesse :
« La pharmacovigilance montre, sur la période 2008/2009 en comparaison à 2003/2004, une augmentation du nombre de cas de chocs anaphylactiques dus aux curares ; dans le même temps, le total des ventes de médicaments à base de pholcodine a été plus important en 2008/2009 qu’en 2003/2004. »[10]
… et se décide non pas à retirer les 23 (!) spécialités qui contiennent de la pholcodine, mais à les encadrer par une prescription obligatoire.
Fin 2011, et malgré l’accumulation des études internationales[11], l’Agence européenne du Médicament confirme même le rapport bénéfice/risque positif (!) des médicaments contre la toux contenant de la pholcodine ![12]
On marche sur la tête !
Ce n’est qu’en septembre 2022, tenez-vous bien, que 3 d’entre elles perdent définitivement leur autorisation de mise sur le marché.
Alors si vous ou vos proches avez encore ces sirops pour la toux, je vous conseille vivement de les jeter.
Et surtout, si vous en avez pris et que vous avez une intervention de prévue, signalez-le au médecin anesthésiste.
Mais, le plus important, c’est de rappeler (surtout en cette saison) que :
Si vous toussez (gras)… réjouissez-vous, c’est bon signe !
Un peu comme la fièvre, la toux a mauvaise réputation : elle gêne, fait parfois mal et empêche de dormir. On est vite tenté de vouloir s’en débarrasser.
Or, c’est bien là le problème : la toux est un réflexe vital et un mécanisme de défense des voies respiratoires.
Elle est le signe que votre organisme cherche à se « nettoyer » d’agents pathogènes. Surtout si elle est grasse et expectorante.
Le plus souvent, elle guérira spontanément en quelques jours.[13]
Mais pour guérir encore plus vite et vous débarrasser durablement de ces microbes, pensez aux plantes médicinales :
- Si vous n’êtes pas « tisane », tournez-vous vers les gélules de cette résine ayurvédique, la boswellia serrata, aux vertus anti-inflammatoires pulmonaires : 2 gélules, matin, midi et soir pendant la durée des symptômes (ça marche aussi contre la bronchite !) ;
- Moins connus mais redoutablement efficaces, pensez aux extraits de plantes fraîches (EPS) d’échinacée et de pin sylvestre, à raison d’1 c. à café dans un grand verre d’eau, 3 fois par jour et entre les repas ;
Botte secrète : tisane antitussive
Pour un paquet de 90 g : 15 g de bouillon blanc (fleurs), 15 g de coquelicot (fleurs), 15 g de mauve (fleurs), 15 g de guimauve (racines), 30 g de thym (sommités).
Mettez 4 cuillères à soupe du mélange de fleurs pectorales dans 1L d’eau bouillante, laissez infuser 10 minutes, filtrez et buvez bien chaud.
Une toux sèche ? Ces solutions naturelles pour en venir à bout
Elle est souvent le signe d’une irritation des terminaisons nerveuses des voies aériennes ou des alvéoles (dans les poumons). Elle doit être traitée différemment :
- Déposez 1 goutte d’huile essentielle d’Eucalyptus radiata sur un comprimé neutre ou sur un morceau de sucre de canne. Vous pouvez également utiliser cette HE en inhalation pour profiter de ses vertus décongestionnantes sur la sphère ORL ;
- Pensez au miel[14] et à la propolis (pastilles, spray ou gélule) : ces 2 trésors de la ruche sont extrêmement efficaces pour stimuler la production de salive, qui provoque un effet calmant et antiseptique. Vous pouvez même boire votre tisane à la paille pour augmenter ce phénomène.
- Songez aussi à la tisane d’eucalyptus qui aura un effet anti inflammatoire et antitussif. Il est conseillé de rajouter du bouillon blanc, en faisant bien attention de filtrer les petits poils blancs avec une compresse, car ils peuvent être irritants.
Quoi qu’il en soit, veillez à votre équilibre acido-basique (une toux récidivante peut aussi être le signe d’un reflux gastro-oesophagien).
Privilégiez ces soldats de l’immunité que sont les oignons, l’ail et le radis noir.
Pensez aussi à renforcer vos réserves en vitamine C (500 mg à 1g par jour en prévention) et vitamine D (2 000UI par jour si vous avez 50 ans ou plus). Sans oublier votre microbiote en prenant 1 gélule dosée à 5 milliards de probiotiques le matin à jeun ou le soir au coucher, pendant 1 mois.
Et surtout, pensez à boire votre navet !
Enfin, je ne pouvais pas vous quitter sans vous offrir ma fameuse recette de sirop maison, pour moins de 2€ :
Sirop de navet maison
Creusez un trou à l’intérieur du gros navet (ou rave). Ajoutez du sucre de canne dans le trou, laissez macérer (quelques heures ou une nuit).
Récupérez le jus obtenu et buvez 4 fois par jour.
Grâce à ses vertus expectorantes et fluidifiantes, le jus de navet vous aidera à venir à bout de votre toux rapidement, et sans aucun danger !
Attention, une toux qui s’installe plus de 10 jours, ou avec une gêne respiratoire, doit vous amener à consulter, pour éviter d’éventuelles complications ou ne pas passer à côté d’une pathologie sous-jacente.
Pensez surtout à bien humidifier l’air de votre maison et à bien aérer !
Prenez soin de vous,
