Cher(e) ami(e),
L’histoire de cet Américain d’Oklahoma est à peine croyable.
Cet homme s’appelle Joe Tippens[1].
En 2016, il apprend qu’il est atteint d’un cancer assez avancé au poumon.
En janvier 2017, son pronostic s’assombrit encore.
Des métastases se sont propagées dans tout le corps (foie, vessie, estomac, os, cou…)
Il dit même : « Mon PET-Scan s’est illuminé comme un arbre de Noël ! »
Les médecins n’y vont pas par quatre chemins : son espérance de vie est de 3 mois tout au plus.
C’est le choc pour Joe.
Heureusement, il ne lâche rien… et cela finit par payer.
Un jour, un ami vétérinaire lui propose de tenter le tout pour le tout en prenant cela :
Oui, vous ne rêvez pas : ce sont bien des vermifuges pour chiens !
Cela peut sembler fou… Et pourtant !
Cet ami vétérinaire, bien informé, a lu dans une étude qu’un anti-parasitaire aurait accidentellement guéri des souris de cancers.
Joe n’a rien à perdre.
Il suit donc les conseils du vétérinaire et en plus de son traitement, il prend du fenbendazole, habituellement utilisé contre les vers intestinaux pour les animaux.
En juin 2017, Joe repasse un PET-Scan…
Incroyable : en seulement 6 mois, il n’a plus aucune métastase !
Son oncologue et lui sont abasourdis.
Aux dernières nouvelles publiées sur son blog[2], en 2023, Joe est toujours en pleine forme !
Surtout, depuis qu’il a rendu son histoire publique, il a recueilli des centaines de témoignages similaires… et d’autres ont aussi été signalés en Corée[3].
De quoi creuser la piste…
Et si le cancer venait aussi de parasites ? (Idée pas si farfelue)
Les scientifiques estiment qu’environ 20% des cancers humains sont imputables à des infections par des agents pathogènes[4].
Parmi eux, on trouve :
- des virus, comme les papillomavirus qui induiraient des cancers génitaux[5], ou encore le virus d’Epstein-Barr qui provoquerait des lymphomes de Burkitt et de Hogkin[6] ;
- des bactéries, comme Helicobacter pylori impliqué dans le cancer de l’estomac ;
- mais aussi les parasites comme les vers.
Par exemple, on sait qu’une bilharziose contractée dans l’enfance (une infection par le parasite, Schistosoma haematobium, fréquente dans les pays tropicaux) peut causer un cancer de la vessie 40 ou 50 ans plus tard !
Autre exemple : le parasite Cryptosporidium serait associé à l’apparition de cancers digestifs[7].
Or, quand la personne est infectée par ces parasites, son organisme est perturbé – mais parfois, sans aucun symptôme !
Pour faire simple, les parasites vont en quelque sorte court-circuiter certains mécanismes essentiels comme l’apoptose (suicide cellulaire), la prolifération cellulaire, l’inflammation, l’homéostasie…
… les mêmes qui sont déréglés quand un cancer apparaît…
Mais si la science peine encore à éclaircir les liens précis entre parasites et cancer, il devient de plus en plus pertinent d’envisager :
Des antiparasitaires pour soigner le cancer ?
La nouvelle étude de la prestigieuse Johns Hopkins Medicine a fait grand bruit, il y a tout juste un an[8] :
Le mébendazole (MBZ) est un antiparasitaire animal dont l’équivalent humain est le fenbendazole (FBZ).
Celui-ci préviendrait l’initiation, la progression et les métastases du cancer du pancréas chez des souris génétiquement modifiées pour développer ce type de tumeurs.
Surprenant, non ?
Quand le médicament pénètre dans l’intestin du parasite, il l’affame et le tue.
Imaginez cet immense espoir quand on sait que le cancer du pancréas est l’un des plus agressifs !
De même, le MBZ serait aussi un atout de taille contre le cancer du côlon[9].
Des recherches sont en cours pour un éventuel repositionnement de ce vermifuge.
Mais ce n’est pas le seul espoir porté par les antiparasitaires.
Prenez l’ivermectine, un autre antiparasitaire donné couramment aux chevaux :
Ici, l’antiparasitaire n’agit pas directement sur des parasites, mais sur l’expression ou l’inhibition d’un gène impliqué dans le cancer de l’ovaire (le gène KPNB1 pour être précise[10]).
Autre découverte très récente : l’ivermectine serait même capable d’inhiber les cellules souches tumorales et d’inverser la multirésistance aux traitements de chimiothérapie[11].
Voilà une piste particulièrement intéressante quand on sait que la recherche contre le cancer piétine…
À moins que ce ne soit…
Un parasite du chien, tueur de cellules cancéreuses… chez l’homme ?
Vous connaissez certainement l’immunothérapie contre le cancer.
Son principe repose sur le fait d’aider le système immunitaire à détruire lui-même les cellules cancéreuses, plutôt que de les tuer directement comme c’est le cas avec la chimiothérapie.
Pour cela, on utilise souvent des virus modifiés… et peut-être demain… des parasites !
L’université de Tours[12] a fait une découverte étonnante : Neosporacaninum, un parasite pathogène pour le chien mais pas pour l’homme, aurait des propriétés anticancéreuses très intéressantes :
- Neosporacaninum peut détruire les cellules qu’il infecte ;
- Il induit une forte réponse immunitaire cellulaire ;
- Il réduit le nombre de marqueurs d’immunosuppression qui favorisent le développement des tumeurs.
D’autres recherches sont en cours pour tester Neospora caninum sur d’autres cancers, y compris, incurables comme le glioblastome.
Tandis que certains parasites humains, comme Toxoplasma gondii et Trypanosoma cruzi auraient eux aussi un effet antitumoral sur certains types de cellules cancéreuses.
Certains d’entre eux empêcheraient la multiplication des métastases tout en activant la réponse immunitaire et l’apoptose.
Enfin, Taenia crassiceps serait capable de réguler la réponse inflammatoire favorisant le cancer, alors que Echinococcus granulosus aurait aussi différents mécanismes antitumoraux[13]…
Vous voyez : les parasites n’ont pas dit leur dernier mot !
Et si, plutôt que de débloquer des milliards pour des vaccins anti-cancer, on débloquait un peu de budget pour explorer ces liens passionnants entre parasites et cancer ?
Je ne veux pas croire que ce ne soit qu’une question de brevet…
Prenez soin de vous,
Catherine Lesage