Cher(e) ami(e) de la santé,
Jill Price est une Américaine comme les autres. À un détail près…
Elle se souvient de TOUT.
À tel point qu’on l’appelle « la femme qui ne peut pas oublier[1]. »
Depuis ses 7 ans, elle se souvient précisément de chaque jour de sa vie :
… de ce qu’elle faisait le 4 octobre 1982…
… que ce qu’elle portait le 22 mai 1994…
… du jour où Bing Crosby est mort, le 14 octobre 1977…
… ou des circonstances d’un événement particulier comme l’explosion de Challenger le mardi 28 janvier 1986.
Elle explique même : « quand j’entends une date, je vois ce jour[2] ».
Jill Price serait-elle une heureuse chanceuse ? Pas si sûr…
En 2000, elle lance un appel à l’aide aux neurobiologistes de l’université de Californie :
« Je veux savoir pourquoi je me souviens de tout.
Je pense constamment au passé.
C’est comme un film qui ne s’arrête jamais[3]. »
Constamment tiraillée entre passé et présent, elle est malheureuse et confesse :
« La plupart des gens pensent que c’est un don,
mais pour moi c’est un fardeau. »
Malgré sa mémoire exceptionnelle, cette femme oublie tout le temps ses clés !
Le cas de Jill Price est exceptionnel.
C’est d’ailleurs la première personne de l’histoire à avoir reçu un diagnostic de « mémoire autobiographique hautement supérieure » (HSAM en anglais), en 2006.
Elle « souffre » de ce qu’on appelle une hyperthymésie, une forme particulière d’hypermnésie mais seulement autobiographique (pas pour tout, donc…).
Car croyez-le ou non, Jill Price, avait du mal à retenir ses poésies et avoue même perdre souvent ses clés !
D’où lui vient donc ce “truc” en plus ?
Ces rares personnes, comme Jill Price, auraient un « câblage cérébral » différent du commun des mortels.
Plusieurs régions de leur cerveau dédiées aux souvenirs s’activeraient simultanément de façon anticipée.
Surtout, ces personnes auraient une mémoire émotionnelle exceptionnelle[4], qui faciliterait l’encodage, la consolidation et la récupération des souvenirs.
Cela expliquerait pourquoi ils accèdent à leurs souvenirs rapidement et sans aucun effort… sans même avoir à les chercher !
Cela vous fait peut-être envie, mais…
Le GROS problème des gens qui se souviennent trop
Le psychologue Gary Marcus qui a travaillé avec Jill Price a identifié un autre mécanisme étroitement lié à cette mémoire hors norme : ces personnes souffrent souvent de TOC, des troubles obsessionnels compulsifs.
Jill Price n’échappe pas à la règle : elle collectionne les cassettes, les programmes télé et les peluches… tandis que son journal intime compterait pas moins de 50 000 pages !
Surtout, elle a un mal fou à planifier l’avenir, à réfléchir de manière symbolique ou encore à tirer des conclusions.
Enfin, son intelligence est considérée comme moyenne, tout comme que sa capacité d’abstraction[5] !
Alors, entre nous, avez-vous toujours envie d’être à sa place ?
Que votre mémoire soit sans aucune limite et incapable de faire le tri ?
Car, aussi surprenant que cela puisse paraître :
Oublier, c’est bon pour la santé !
C’est l’une des découvertes majeures des neurosciences :
« L’oubli n’est pas un dysfonctionnement du souvenir. Il en constitue la condition même, la structure fondamentale[6]. »
Comment prendre de bonnes décisions, sans oubli des détails inutiles ?
Ou même à vivre sereinement, pourchassé par les mauvais souvenirs ?
Votre quotidien serait tout bonnement invivable !
Vous l’avez compris : une bonne mémoire doit être sélective.
Elle doit retenir durablement les souvenirs tout en effaçant ce qui n’est pas utile.
Pas de mémoire sans oubli donc…
Mais le plus fascinant, c’est que :
Votre cerveau met autant d’énergie à retenir qu’à se délester !
Les chercheurs sont allés un cran plus loin, grâce aux progrès de l’imagerie cérébrale.
On sait désormais que « les mécanismes à l’origine de l’effacement des souvenirs sont distincts de ceux qui assurent leur stockage[7]».
L’oubli relève de deux processus :
- quand les synapses, la zone entre deux neurones, s’affaiblissent, les réseaux qui s’occupent de la mémoire perdent en performance (déclin de la trace mnésique) ;
- quand de nouveaux neurones sont créés.
Oui vous avez bien lu : quand de nouveaux neurones se créent, ils “effacent” en même temps d’autres informations.
Un peu comme les disques durs qui ont besoin de faire de la place pour enregistrer de nouvelles informations.
C’est ce que deux neuroscientifiques, Paul Frankland et Blake Richards, ont découvert en 2017[8].
Personnellement, je trouve cette nouvelle très rassurante ! (Et j’espère que vous aussi…)
Si vous ne vous souvenez pas de tout, cela est parfaitement normal et même souhaitable.
C’est même le signe que votre mémoire est en bonne santé !
Bien sûr, jusqu’à un certain point…
En revanche, ne vous inquiétez pas si vous oubliez un mot ou vos clés quelque part !
Ils ne sont pas toujours le signe d’une maladie d’Alzheimer débutante.
Et surtout, tous les troubles de la mémoire ne se limitent pas à Alzheimer ! (Le surmenage ou la tristesse peuvent par exemple provoquer des troubles de l’attention !)
Alors pour vous aider à garder une mémoire agile qui trie correctement, j’ai rassemblé pour vous quelques solutions pour
Doper votre mémoire avec ces 7 boosters (oubliez le nœud à votre mouchoir !)
Certains bons réflexes peuvent changer la donne !
Solution 1 : Laissez vos émotions aller !
Associez dès que possible une émotion à une information. Les neurosciences ont battu en brèche l’idée que les émotions parasitaient l’intellect[9]. Bien au contraire ! On apprend bien mieux quand on ressent quelque chose. Regardez Jill Price !
La raison : une proximité des interrelations entre les sécrétions dues aux émotions et les voies neuronales de la mémoire[10].
Toutefois, les émotions négatives, comme la peur, le dégoût ou la tristesse, ont tendance à imprimer plus fortement la mémoire. Enfin, jusqu’à une certaine limite… car quand le stress est trop intense, la consolidation des souvenirs peut tout bonnement être supprimée. Comme dans le cas d’un stress post-traumatique (pensez alors à l’EMDR pour rompre le souvenir et libérer votre mémoire !).
Solution 2 : Mettez plus de plantes dans votre quotidien !
Le ginkgo est le chouchou de l’OMS qui reconnaît sa valeur pour améliorer la circulation cérébrale[11]. Dosage : 2 gélules (titrés entre 20 et 25 %), matin et soir, 5 jours sur 7.
Des études ont validé l’action puissante du bacopa sur le déficit cognitif chez les personnes âgées[12]. Dosage : 500 mg d’extraits titrés par jour.
Le ginseng stimule l’activité cérébrale et booste la synthèse de vos neurotransmetteurs[13]. Attention elle peut donner des palpitations. Dosage : 50 à 100 mg de ginsénosides, matin ou midi.
Solution 3 : Activez TOUS vos sens ! (tactique post-AVC)
On a longtemps cru que les aires cérébrales spécialisées pour traiter les informations des sens fonctionnaient indépendamment. Mais pas du tout !
La raison : une interaction multisensorielle est extrêmement bénéfique pour retenir quelque chose. Grâce à l’activation simultanée de ces zones en même temps que l’encodage de l’information.
Conclusion : Une image associée à un son sera mieux mémorisée, et vice versa[14] ! Faites le test !
Dès que vous pouvez favoriser donc les activités qui stimulent tous les sens, comme l’art, la musique, la danse… votre mémoire vous remerciera ! Des essais sont d’ailleurs en cours sur des malades ayant subi un AVC.
Info bonus : Certains mouvements du corps tout simples, comme serrer l’un de ses poings[15], amélioreraient nos capacités mnésiques. Ces mouvements modifieraient de manière fugace mais utile le fonctionnement de certaines aires cérébrales. Alors, pensez aussi à serrer vos poings quand vous essayez de retenir votre liste de courses !
Solution 4 : Nourrissez votre cerveau de ce (délicieux) cocktail
Ce n’est pas une surprise : la mémoire commence dans l’assiette !
Misez sur les omégas-3 qui protègent les neurones de l’inflammation[16] et empêchent les altérations de la plasticité synaptique (petits poissons gras, huile de lin, de chanvre ou de cameline…).
Ajoutez aussi de la vitamine E qui protège les membranes des neurones contre les phénomènes d’oxydation[17] (oléagineux notamment graines de tournesol, germe de blé, avocats…).
Sans oublier les indispensables « vrais » antioxydants que sont les flavonoïdes. Ils ralentissent la dégénérescence cellulaire partout dans l’organisme, y compris dans le cerveau ! Alors à vos aromates, végétaux colorés, tablettes de chocolat (> 75% !) et vos tasses de thé vert.
Pensez aussi au jus de pomme dont une étude[18] a montré qu’un verre quotidien prévenait efficacement le déclin cognitif !
Solution 5 : Adoptez la méthode des loci (elle a fait ses preuves !)
Depuis la découverte de E. et M.-B. Moser, prix Nobel de médecine en 2014, on sait que notre cerveau fonctionne comme un GPS[19], avec sa propre navigation mentale.
Pas étonnant que la technique des loci (lieux) inventée par Cicéron fonctionne aussi bien : chaque point à évoquer dans un discours se trouvait dans une pièce de sa maison.
Comme lui, associez les éléments à retenir à un lieu connu.
En pratique : pour retenir votre liste de courses, imaginez vos tomates dans votre cuisine, les yaourts dans le salon et les fruits secs dans la salle à manger.
Une fois sur place, promenez-vous dans votre maison mentale et remplissez votre panier au fil des pièces !
Solution 6 : Comblez vos carences (surtout de cette vitamine « miracle »)
Des carences micronutritionnelles peuvent provoquer chez vous des troubles de la mémoire, notamment en :
- vitamines B : de fortes doses peuvent ralentir l’atrophie cérébrale et favoriser la synthèse d’acétylcholine[20] (dont on manque quand on a Alzheimer). Avant de vous supplémenter, un dosage sanguin est nécessaire, mais sachez qu’on en trouve dans la levure de bière, les céréales complètes ou encore les abats (foie)
- vitamine D : une carence augmente le risque de déclin cognitif de 29 à 36 % par rapport aux personnes avec un bon taux (soit > à 50 ng/ml)[21]. On commence même à la donner systématiquement au CHU d’Angers chez tous les patients avec des troubles de la mémoire… en raison de ses résultats stupéfiants[22] ! Dosage : entre 4000 et 6000 UI/jour.
- magnésium : le stress et une humeur dépressive impactent votre mémoire. Veillez donc à réduire votre tension nerveuse avec un bon apport : 300 à 400 mg/jour (idéalement glycérophosphate de magnésium).
- glutathion (GSH), en bonne place pour devenir l’un des meilleurs marqueurs d’Alzheimer[23].
- coenzyme Q10 (CoQ10) qui réduit les plaques d’amyloïdes dans le cerveau et améliore le comportement[24]. Partez sur 100 mg/jour (mais idéalement, faites un dosage avant car il est assez onéreux).
- acide lipoïque qui a une action protectrice, voire de réparation sur les neurones[25]. Partez sur 900 mg/jour en cas de vieillissement cognitif anormal, mais en prévention 600 mg suffisent.
Solution 7 : Décrassez votre cerveau !
Comme le reste de votre organisme, votre cerveau fonctionne mieux s’il n’est pas encombré par les « déchets ». Heureusement, votre barrière hémato-encéphalique joue ce rôle de filtre qui protège votre cerveau.
Mais parfois il y a des trous… et certaines molécules nuisibles passent là où elles ne devraient pas…
Ce mécanisme pourrait bien être à l’origine du déclin cognitif, tout autant de pathologies comme Parkinson, la sclérose en plaques ou l’autisme.
Raison de plus pour éviter au maximum les intoxications aux métaux lourds (aluminium dans la cuisine, amalgames dentaires, peintures toxiques…) et aux ondes !
Utilisez systématiquement une oreillette pour téléphoner et ne gardez jamais votre téléphone allumé près de vous, notamment la nuit.
Si vous n’avez pas tout retenu de mes solutions, ce n’est pas grave.
L’important est d’entretenir votre mémoire au quotidien et qu’il existe 1001 façons de le faire (comme de lire mes lettres !).
Et cela, ne l’oubliez pas !
Prenez soin de vous,